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 RÉVÉLATIONS “RÉVOLUTIONNAIRES” SUR LOUIS XVI ?

Editions Alphée, 2011

J’ai souvent été fasciné par Louis XVI. Au milieu d’événements plus tard jugés comme “fondamentaux”, et dont il percevait mal l’importance, il demeura indécis, entre deux chaises, passant d’une position à l’autre, errant selon les circonstances. Qu’aurais-je fait à sa place ? Tel n’importe qui, j’aurais pataugé.
D’où l’idée de plusieurs usurpateurs prenant la place du vrai petit-fils de Louis XV : l’un qui s’amuse dans l’illusion d’être roi, l’autre qui besogne dans l’illusion d’un ordre divin, le troisième qui prophétise dans l’illusion d’une révolution.
Le moment clef de ce roman, c’est la fuite à Varennes. Il y eut trois possibilités, envisagées à l’époque. Ou bien Louis XVI serait resté à Paris, quelqu’un d’autre s’enfuyant. Ou bien il aurait réussi à passer à l’étranger. Ou bien, filant vers les frontières, il aurait été reconnu, arrêté. Nos trois usurpateurs concrétisent ces trois hypothèses.
Or, durant quelques jours, les autorités qui fabriquent l’Histoire dans le désordre de cette période, tergiversent autour de ces trois options, plausibles mais qui donneraient des perspectives différentes. En une vacance du temps, une suspension de toute décision... Avant de choisir la réalité que l’on connaît aujourd’hui comme unique vérité.
Mon père était historien, un savant, enseignant à l’université l’antiquité grecque. Il m’a répété que l’on ne savait rien du passé. Qu’il avait été continuellement reconstruit, et que nous ne le voyons qu’à travers le prisme de ces reconstructions.
Vue par nos trois usurpateurs, la révolution française, comme tout grand mouvement, est une invention a posteriori. Il ne se serait rien passé le 14 juillet 1789. Mais, dès le lendemain, en une réécriture de la vérité, “on” fit en sorte d’établir une correspondance, un rapport, entre la réalité et ce qui se racontait.


 
© François Coupry, 2012