>>> Contes paradoxaux

La Promenade cassée
Gallimard, collection “Le Chemin”, 1970

Les amours de Guillaume, dans une ville où il n’y a pas de rues, et où l’on doit passer de maisons en maisons pour circuler...

«    Muscadia et Guillaume habitaient une grosse petite maison. Le premier étage ne correspondait pas au rez-de-chaussée. Comme deux boîtes l’une sur l’autre, la seconde ne reposant sur la première que par la moitié. L’autre moitié ne reposait sur rien. Toutes les maisons de la rue étaient comme ça, avec des bouts qui dépassaient dans tous les sens. Des maisons penchées, des maisons maladroites, des maisons en V, des maisons en T. Des maisons qui s’allongeaient sur les maisons du dessous, pendant que les maisons du dessous s’appuyaient sous les maisons du dessus. Elles étaient peintes de couleurs normales et variées : café au lait, chocolatine écrasée, fraise endormie, pistache, blanc pluvieux, uniforme, vert tomate pas mûre, couleur soleil. Telles étaient les maisons de la rue. D’ailleurs, il n’y avait pas de rues. Que des petits bouts de rues, entre les maisons. Tout le monde était obligé de vivre ensemble. ».

 

 
© François Coupry, 2012