Œuvres en cours
La « Nouvelle fiction »
Extraits d’œuvres à paraître
Révolutionnaire Réactionnaire
L’autre jour, la nuit d’hiver tombait (cette précision est-elle utile ? déterminante ?) et je me suis entendu dire : “ Il y a encore trente ans, on avait l’air révolutionnaire, aventureux, quand on ne croyait pas en Dieu, ou en une quelconque transcendance, aujourd’hui on a l’air réactionnaire, obtus, dépassé, si l’on ne se souci point de cette transcendance, du moins de ce qui transgresse l’apparence ou la raison. ”
Il est a priori assez sot de proférer de telles généralités ; mais j’avais énoncé cette affirmation péremptoire tel un oiseau hirsute et tombé du nid à soixante ans, je me suis surpris moi-même de penser cela comme un évidence. J’aurais pu dire, mais de façon plus banale, et comme une évidence encore plus simpliste : “ Il y a cinquante ans, il apparaissait révolutionnaire de se prétendre marxiste, léniniste en diable, ou maoïste, aujourd’hui, en ce début du XXI° siècle, ce discours aurait l’air ringard, anachronique, sinon obscène ou dangereux, et même les extrêmes gauches n’osent plus, font dans la nuance, le correct. ”
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La Nouvelle fiction
(Extraits de L’ECTOPLASME ET LE GROS CHAT – conférence prononcée à un colloque à Cerisy en juillet 2006)
Commençons par un gros mot : le réel...
Il existe sans doute, mais pour les humains il reste un brouillard, un néant, s’il n’est pas mis en perspective, en ordre, par un récit. S’il n’est pas raconté par des mots, des images. Par une mise en espace, une mise en chronologie. Telle est, depuis des millions d’années, la nécessité où nous nous sommes enfermés, nous autres singes parlants et pensants. Et cela, même si nous voulons bousculer les lieux ou le temps.
Bien sûr, c’est terrible, quand j’ai soupiré à ma mère qui mourait d’un cancer : “Ce n’est que du roman, maman, ta souffrance de feu à l’estomac tu ne la ressens que parce que tu te la racontes, tu ne l’éprouves que parce que ton médecin peut te la décrire.”
Les narrations que nous donnons de faits vécus, les images que nous en montrons, et que nous subissons comme des cancers, ne sont jamais “brutes”, on le sait, mais obéissent à une grammaire du langage et des images, dont les lois et les règles se sont développées d’elles-mêmes, et dont la logique n’a rien à voir avec ce réel qu’elle est censée désigner.
Cette guerre, au Moyen-Orient par exemple, n’est pas la vérité de cette guerre, mais une guerre forcément racontée, mise en scène, avec ses visages sanglants, ses civières, et cette boue, ces sirènes. Je n’éprouverais rien de cette guerre - pourtant un vécu où primerait l’action et l’émotion immédiates - si je ne la mettais pas dans des mots et des images ; en signes. Comme on dit “en ligne”, quand on veut avoir l’air moderne et connecté.
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